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L'Eau, un bien commun
Tome 2 - Des actions locales exemplaires
![](https://www.unipef.org/images/upload/news/1737644420-01-roche-2024-11.jpeg)
Dans le dossier thématique du numéro 919 de la revue, paru en décembre 2024, nous avions réuni un certain nombre de contributions permettant de faire le point des enjeux mondiaux de la gestion de l’eau. Elles témoignaient de l’importance d’une prise de conscience du besoin de gestion en bien commun planétaire de cette ressources essentielle et fragile.
Depuis la mise sous presse de ce premier numéro, la COP16 biodiversité s’est tenue à Cali, en Colombie la COP29 sur le climat à Baku, en Azerbaïdjan. La COP16 désertification, ainsi que le One Water Summit coorganisé par la France sous l’impulsion de Barbara Pompili, se sont déroulés à Riyad, en Arabie saoudite, et la cinquième réunion du comité international de négociation (CIN) pour un traité sur les plastiques à Busan, en Corée du Sud.
Le multilatéralisme a marqué le pas durant cette période. Busan n’a pas pu conclure, Cali a abouti à un accord incomplet, et le résultat de Baku est reconnu comme décevant par le Gouvernement français. Des coalitions plus partielles se dessinent. Un groupe de cent quatre pays, réunissant l'Union européenne, des pays africains, des petites îles et des pays d'Amérique latine, s'est déclaré en faveur d'une réduction chiffrée de la production de plastique. Ni la Chine ni les États-Unis ne se sont associés à cette initiative alors que l’Europe est particulièrement volontariste.
Le Président français à Riyadh a appelé à une coalition mondiale pour l’eau impliquant toutes parties prenantes engagées. À Bali, les ONG l’avaient démandé, comme nous l’explique Jean Lapègue dans son article. Emmanuel Macron a pris pour exemple les succès du Maroc. Un article de Mohamed Taha Laaouimri, de l’Agence française de développement, les présente en détail.
L’agenda mis en avant par le One Water Summit de décembre 2024i a décliné des sujets que PCM, dans son numéro 919, avait largement abordés :
- la coopération internationale sur les eaux transfrontalières et les écosystèmes d'eau douce ;
- des solutions techniques pour l'accès à l'eau (solutions fondées sur la nature, sciences et technologies innovantes, etc.) ;
- des méthodologies de l'empreinte eau ;
- des possibilités de combler le déficit de financement mondial dans les secteurs de l'eau et de l'assainissement.
Dans la suite logique de ce sommet qui appelait à des engagements concrets, ce deuxième numéro, consacré à la gestion mondiale de l’eau, est plus tourné vers l’action locale et la présentation de cas d’engagement de démarches exemplaires.
Oriana Romano et ses collègues de l’OCDE déclinent les expériences positives de mise en pratique des douze principes de gouvernance de la Water Governance Initiative.
Éric Servat décrit la structuration du grand pôle montpellierain de l’eau. Sophie Richard, d’AgroParisTech, Éric Gaume, de l’ENPC, et Joseph Pronost, de l’OiEau, illustrent les offres de formation en France qui accueillent nombre d’étudiants et stagiaires étrangers à tous niveaux.
Les divers éclairages ici réunis illustrent l’engagement concret des acteurs français, dans un contexte
géopolitique difficile,
pour des solutions intégrées et soutenables
socialement, écologiquement et économiquement.
Plusieurs exemples illustrent de façon concrète la diversité des problématiques et des approches. Ainsi, Mohamed Baba Sy présente l’état des lieux et les démarches entreprises sur les territoires du Sahara et du Sahel. Jean-Antoine Faby et ses collègues exposent des cas opérationnels de réutilisation des eaux usées (Reut) en Jordanie et en Égypte, et la mise en place d’outils de formation et d’autoformation pour les acteurs de la réutilisation des eaux usées au Pakistan. Joannie Leclerc et ses collègues illustrent la gestion des services intermittents en matière de distribution d’eau potable. Et Corinne Tromssdorff met en avant les liens étroits qui existent entre les problématiques des déchets solides, de l’assainissement et de la gestion des eaux pluviales, trop souvent traités en silos.
Un accent particulier est mis sur les populations les plus exposées. André Kuper, du Cirad, et ses collègues soulignent l’importance des sciences humaines dans les programmes de recherche pluridisciplinaire, que ce soit en matière de risques d’inondations, d’accès aux services essentiels, de gestion des services intermittents, ou encore de camps de réfugiés dont parle Jean Lapègue, spécialiste de l’urgence humanitaire à Action contre la faim.
Christophe Le Jallé présente le travail de terrain du programme Solidarité Eau, dont la clé du succès est l’implication des populations locales dans la définition et la mise en œuvre de solutions adaptées à leurs besoins. C’est plus simple à dire qu’à faire et je complète avec quelques exemples de l’actiond’associations expérimentées comme le Secrétariat international de l’eau. Je souligne aussi les difficultés que les gouvernements rencontrent à prendre en compte les aspects culturels, notamment dans des débats difficiles avec les peuples autochtones.
Les savoir-faire techniques et les avancées scientifiques et technologiques progressent rapidement et apportent de nouvelles gammes de solutions, qui sont bien entendu à maîtriser dans toutes leurs dimensions, notamment environnementales. Nous l’illustrons ici par quelques focus sur des sujets concrets : Carole Créange, de Veolia, décrit les récentes grandes installations de désalinisation, Claire Mathieu, de Suez, partage les applications de l’intelligence artificielle dans les services publics d’eau potable et d’assainissement. Dans une perspective un peu plus amont, Christophe Brachet, de l’OiEau et ses collègues du Cnes et de l’IRD montrent les apports de la télédétection à l’hydrométrie de terrain. On peut se réjouir de l’initiative lancée par Éric Tardieu (OiEau) lors du One Water Summit, avec l’appui de l’Organisation météorologique mondiale, d’une coalition One Water Vision Coalition. Elle regroupe déjà plus de vingt agences spatiales, institutions de recherche et acteurs de la télédétection, pour mieux exploiter les technologies satellitaires innovantes au service de la gestion de l’eau. Et dans le dernier article de ce dossier, j’expose les développements récents apportés par les algorithmes d’optimisation de gestion des barrages-réservoirs, notamment à buts multiples. Ils permettent en particulier de valoriser les progrès de la prévision hydrologique et d’améliorer notablement l’écrêtement des crues.
Les divers éclairages ici réunis n’ont pas vocation à être exhaustifs mais ils montrent l’engagement concret des acteurs français, dans un contexte géopolitique difficile, pour des solutions intégrées et soutenables, socialement, écologiquement et économiquement. Cela repose sur beaucoup d’innovations dans tous ces domaines et ouvre des portes d’espoir pour l’avenir.
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