Prévention et adaptation
La longue marche des politiques publiques
Depuis plus de 40 ans, la politique publique de prévention des risques, qui vise à préserver les vies humaines et réduire les dommages aux biens, s’est fortement développée. Le régime d'indemnisation des catastrophes naturelles (créé par la loi du 13 juillet 1982) a été l’un de ses catalyseurs, de même que la mise en place concomitante des plans d’expositions aux risques (PER). Cette nouvelle garantie aux assurés, fondée sur la solidarité nationale, a accompagné les sinistrés immédiatement après la catastrophe. Les PER, devenus PPRN – plans de prévention des risques naturels prévisibles (loi Barnier de 1995) – agissent, eux, sur le temps long, en maîtrisant l’urbanisation pour ne pas aggraver les risques dans les zones exposées, en réduisant la vulnérabilité humaine et matérielle.
Les PPRN ont montré leur efficacité, comme le souligne le dernier rapport de la Caisse centrale de réassurance avec, pour les communes couvertes, une baisse des dommages de l’ordre de 20 %. Les moyens financiers affectés à la prévention ont été renforcés : le fonds Barnier constitue le principal outil de financement de cette politique, pour appuyer principalement les collectivités territoriales, les particuliers et aussi les petites entreprises.
Cette politique publique s’est enrichie en 2001 des apports de la vigilance météorologique, puis en 2006 de celle sur les crues. La tempête Xynthia nous avait alors dramatiquement rappelé la nécessité d’informer les populations et les autorités de gestion de crise de l’arrivée d'un élément météorologique dangereux, et surtout des bons comportements à adopter. La réforme GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) s’est mise en place depuis 2018. Elle a unifié et clarifié les compétences publiques dans ces domaines en les confiant au bloc communal, à qui elle a en outre donné un outil de financement.
Nous devons relever un défi de plus en plus important, avec le changement climatique et l’intensification des phénomènes naturels dangereux. Comment faire ?
Ce numéro de PCM présente des voies pour l’action, l’association et surtout la mobilisation des parties prenantes sur les territoires : collectivités, entreprises, associations, citoyens, opérateurs et services de l’État. Le premier levier d’action, aujourd’hui intégré dans les politiques publiques, est celui de l’atténuation du changement climatique, en particulier par la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
Il faut caractériser les aléas émergents pour passer
des modélisations de niveau mondial à celles de nos régions.
La prévention s’inscrit, elle, dans un deuxième levier : celui de l’adaptation. Quelles en sont les étapes ? Tout d’abord, il faut caractériser les aléas et les aléas émergents au niveau local : il s’agit des « descentes d’échelle » pour passer progressivement des modélisations de niveau mondial, comme celles du GIEC, à celle de nos régions, puis nos communes. Il s’agira ensuite de définir ensemble le niveau de protection attendu face à ces risques : c’est l’un des objectifs fixé par le projet de troisième plan national d’adaptation au changement climatique, mis en consultation depuis le 28 octobre.
Parfois, il sera nécessaire de repenser le territoire : les inondations récentes, tant en France que chez nos voisins espagnols le 30 octobre dernier, par exemple, montrent l’enjeu majeur de l’aménagement, et parfois du ré-aménagement, de nos territoires. Si ce sont des choix forts à faire pour les élus et les habitants concernés, c’est aussi offrir la possibilité d’un nouveau projet de vie, dans des zones sûres.
Il faut également mieux nous préparer collectivement : en développant la culture du risque, chaque citoyen sera mieux informé, mieux préparé, pour être acteur de sa propre sécurité et contribuer à la sécurité collective. Le succès de la Journée nationale de la résilience instaurée en 2022 a lancé cette dynamique positive.
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